« Je me souviens du jour où… j’ai franchi la porte du dojo pour la première fois. » — Sylvie
C’était à la rentrée 2008.
Je voudrais partager avec les nouveaux arrivants un peu de mon vécu, car il faut bien dire que c’est une sorte d’aventure urbaine que d’intégrer cette école !
J’arrivai d’une autre école dont le maître avait décidé de se retirer. Et je cherchai désespérément un autre guide authentique. Surtout, je voulais absolument un « Chinois, un Vietnamien ou un Japonais » comme enseignant, en tous cas un Asiatique, au plus près de la terre des arts martiaux. (idée préconçue ou pas, pour avoir tester les deux, la manière d’être et de faire est différente).
Bref, ce jour arrive. Me voila engloutie dans un cours d’essai de Tai chi. Seule avec la tenue traditionnelle noire de mon ancienne école, en plein milieu, tout le monde étant habillé normalement : cherchez l’erreur ! Heureusement que le maître m’avait accueillie chaleureusement et gardait un regard bienveillant, parce que je me demandais bien ce que je faisais là ! Rien à voir avec ce que je connaissais, des saluts en veux-tu, en voilà, de la musique… de quoi m’interpeller totalement. Mais très vite, l’ambiance générale m’a plu (le sérieux sans se prendre au sérieux, l’attention constante, la nouveauté…) tout cela me disait intérieurement que c’était le bon endroit pour moi.
Et j’ai suivi mon instinct.
De fait, le cours d’essai du Xingyi Quan m’a immédiatement parlé. je n’y connaissais absolument rien, à peine le nom et encore. J’y ai plongé tout de suite (moi qui n’aime pas trop l’eau) avec la joie de me dire que le travail à fournir pourrait me nourrir pour le restant de ma vie. C’est le cas.
Voila, j’avais trouvé mon école et mon maître.
Alors si vous aussi, vous avez quelques doutes en arrivant, c’est naturel.
C’est tellement différent de ce qu’on voit ailleurs. C’est donc déstabilisant.
Personne d’autre ne pratique les arts martiaux internes de cette manière en Europe. Alors on a vite le sentiment d’être privilégié d’assister à cet enseignement.
On s’habitue facilement (si, si) aux rituels traditionnels des saluts et du déroulé des cours. Le tout est de « jouer le jeu ». Même si on ne comprend rien, ou si peu, même si on fait tout à l’envers au début.
Tout le monde est passé par là et peu à peu, les sens, le corps et le cerveau enregistrent les gestes et se placent… à la bonne place.
Vous avez de la chance d’être arrivés là, car si vous êtes partants, la route est grande ouverte pour vous avec toujours le choix de cheminer à votre gré.
Pour finir, si vous le pouvez, il faut essayer au moins une fois de participer à un stage. C’est un accélérateur d’apprentissage incomparable qui booste la motivation et l’occasion de découvrir les autres sous un autre jour car on partage les repas et l’hébergement (pour le stage d’été), donc la vie.
Sylvie Desgranges